Dans son avis rendu public le 19 mai 2011, le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) se prononce contre le dépistage systématique des drogues au travail. À condition de relever uniquement d’une intervention à titre dérogatoire, le dépistage médical de l’usage des produits illicites en milieu de travail s’avère« acceptable au plan éthique ». Il est même « souhaitable et justifié pour les postes de sûreté et de sécurité », c’est-à-dire des postes identifiés au sein de l’entreprise comme les plus à risques. « Ce dépistage devrait être élargi pour ces mêmes postes à l’abus et à l’usage de l’alcool », poursuit le CCNE.
Dans son avis, le comité note qu’environ 10 % des salariés « consommeraient régulièrement ou occasionnellement des produits illicites », essentiellement du cannabis, de la cocaïne et des amphétamines. Cette consommation demeure « très variable » en fonction des catégories socioprofessionnelles, avec une faible prévalence chez les agriculteurs (2,7 %), à l’inverse des professionnels des arts et du spectacle (17 %). S’agissant de l’alcool, il est encore « très difficile d’avoir un tableau d’ensemble ».
En conclusion de son avis, le CCNE émet plusieurs recommandations pour encadrer ce dépistage dérogatoire des populations identifiées comme à risque au sein de l’entreprise. Pour le comité, il est primordial de « s’assurer que toute personne qui exerce un métier à un poste de sûreté et de sécurité nécessitant un haut degré de vigilance permanent » soit au préalable « informée qu’elle pourra faire l’objet d’un dépistage de prise d’alcool ou de produits illicites ». Par ailleurs, ce dépistage devra en pratique respecter des valeurs éthiques essentielles que sont « le respect des libertés individuelles, le secret médical et la confidentialité sur les données personnelles, l’intérêt collectif de santé publique et la protection des tiers ».